Plus de six Mauritaniens sur 10 sont âgés de moins de 25 ans (UNFPA, 2024). Cette jeunesse démographique a le potentiel de porter les questions relatives à la jeunesse au premier plan des discussions politiques nationales.
Le gouvernement, reconnaissant l’importance de l’éducation dans le développement national,a intégré l’éducation des jeunes dans ses plans stratégiques plus larges, se concentrant sur l’intégration socio-économique des jeunes grâce à l’amélioration des programmes d’études et à des programmes d’éducation et de formation ciblés (Tammey, 2022 ; Banque Mondiale
, 2020). Des initiatives telles que « Mon projet – Mon avenir » visent à autonomiser les jeunes entrepreneurs en leur fournissant les compétences et ressources nécessaires. La revue par le gouvernement des politiques antérieures en faveur de la jeunesse garantit la conformité avec les Objectifs de Développement Durable (ODD).
Malgré les efforts du gouvernement, des taux élevés de chômage et de sous-employabilité persistent chez les jeunes mauritaniens, exacerbés par les pertes d’emploi survenues durant la pandémie de COVID-19 (Banque Mondiale, 2022 ; Organisation Internationale du Travail, 2023).
Les défenseurs de la cause de la jeunesse en Mauritanie soulignent également la nécessité d’impliquer les jeunes dans la gouvernance et l’élaboration des politiques afin de garantir la mise en place de programmes efficaces et adaptés aux besoins (UNICEF, 2020). Cependant, la participation des jeunes est souvent entravée par des obstacles tels que les coûts élevés des campagnes électorales, qui restreignent les opportunités pour les jeunes candidats (International Foundation for Electoral Systems, 2023).
Les données de l’enquête Afrobarometer nous éclairent sur la situation de la jeunesse mauritanienne. Les résultats révèlent que les jeunes adultes sont plus susceptibles d’être instruits que leurs aînés, ce qui indique des progrès significatifs en matière de niveau d’instruction au fil du temps. Cependant, presque la moitié des jeunes et des personnes d’âge moyen sont au chômage.
L’éducation et la santé figurent en tête de liste des priorités des jeunes quant à l’action du gouvernement, suivies par la pauvreté et le chômage. Peu de jeunes saluent la performance gouvernementale sur l’une ou l’autre de ces questions.
En dépit de ces défis, la majorité des jeunes mauritaniens sont optimistes quant à l’orientation générale du pays et portent un jugement positif sur l’économie du pays et sur leurs propres conditions de vie.
L’émigration des cerveaux : Pourquoi les jeunes quittent la Mauritanie et comment yremédier ? Rubrique article .9 July, 2024Pays riche en ressources naturelles et culturelles, la Mauritanie est confrontée à unphénomène inquiétant : l’émigration de ses cerveaux. De nombreux jeunes diplômésquittent le pays pour chercher des opportunités à l’étranger. Si elle n’est pas redressée,cette situation pourrait avoir des conséquences néfastes sur le développement socio-économique de notre nation. Comme le dit un proverbe africain, « un homme sansculture est un zèbre sans rayures ». La fuite des cerveaux menace la richesse culturelleet intellectuelle de notre pays.Les raisons de l’émigrationPlusieurs facteurs expliquent pourquoi les jeunes Mauritaniens choisissent de s’établirà l’étranger. Tout d’abord, le manque d’opportunités professionnelles. Le marché dutravail mauritanien est saturé et les opportunités pour les jeunes diplômés sontlimitées. Les salaires peu compétitifs et les conditions de travail précaires les poussentà chercher ailleurs des emplois mieux rémunérés et plus valorisants. John F. Kennedy adit : « La seule chose pire que de former des employés et de les voir partir, c’est de nepas les former et de les voir rester ». Cette citation souligne l’importance de conditionsde travail attractives pour retenir les talents.Notre système éducatif est de surcroît inadapté. Bien que la Mauritanie dispose denombreuses institutions éducatives, il n’est pas toujours en adéquation avec lesexigences du marché du travail. Les compétences acquises ne correspondentordinairement pas aux besoins des employeurs, ce qui rend difficile l’insertionprofessionnelle des jeunes diplômés. Confucius disait : « L’éducation engendre laconfiance, la confiance engendre l’espoir, l’espoir engendre la paix ». Un systèmeéducatif performant est donc crucial pour l’avenir de notre jeunesse.Autre facteur déroutant, l’instabilité socio-politique. Les périodes d’instabilité politiqueet les tensions sociales entretiennent un climat d’incertitude qui incite les jeunes àchercher des environnements plus stables pour construire leur avenir. Thomas Hobbesa souligné : « L’homme est un loup pour l’homme » ; sans stabilité, les individuscherchent naturellement à fuir les situations de conflit et d’incertitude.Des solutions pour contrer l’émigration des cerveauxPour endiguer ce phénomène et encourager les jeunes à rester ou revenir au pays,plusieurs mesures peuvent être mises en place. En commençant par l’amélioration dumarché du travail : il est essentiel de trouver plus d’opportunités d’emploi pour lesjeunes diplômés, en encourageant l’entrepreneuriat, en attirant des investissementsétrangers et en soutenant le développement des petites et moyennes entreprises (PME).Des politiques incitatives peuvent être également mises en œuvre pour encourager lesentreprises à embaucher de jeunes diplômés. Peter Drucker a dit : «La meilleure façonde prédire l’avenir, c’est de le créer ». En investissant dans le marché du travail, nouspouvons offrir des perspectives solides à notre jeunesse.
Autre priorité : réformer le système éducatif. Il est crucial de l’adapter aux besoins du marché et de revoir en ce sens les programmes scolaires et universitaires pour qu’ils intègrent des compétences pratiques et techniques en phase avec les demandes des employeurs. Le développement de partenariats entre les institutions éducatives et le secteur privé peut également favoriser une meilleure adéquation formation-emploi. Nelson Mandela a dit : « L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde ». En améliorant notre système éducatif, nous pouvons donner à nos jeunes les outils nécessaires pour réussir. La stabilisation politique et sociale n’en est pas de reste. La mise en place de politiques visant à garantir la stabilité politique et sociale est indispensable. La promotion de la bonne gouvernance, de la transparence et de l’État de droit peut contribuer à développer un environnement propice à l’épanouissement des jeunes. « La paix n’est pas seulement l’absence de guerre ; tant qu’il y aura pauvreté, racisme, discrimination et exclusion, il sera difficile de parvenir à un monde de paix », disait Rigoberta Menchú. En travaillant à la stabilité, nous pouvons construire un cadre favorable au développement. L’élaboration et la mise en œuvre de programmes spécifiques pour encourager le retour des mauritaniens expatriés complète cet éventail de solutions. Des incitations financières, des opportunités de carrière attractives et un soutien à la réinsertion peuvent aider à ramener les talents au pays. Un proverbe chinois dit : « Si vous voulez un an de prospérité, faites pousser du grain. Si vous voulez dix ans de prospérité, plantez des arbres. Si vous voulez une prospérité éternelle, élevez des hommes ». En investissant dans le retour de nos talents, nous pouvons assurer une prospérité durable. Un défi relevable L’émigration des cerveaux est un défi majeur pour la Mauritanie. Il est toutefois possible, en mettant en place des mesures adéquates, de retenir nos talents et d’encourager ceux qui sont partis à revenir. La jeunesse mauritanienne représente un potentiel immense pour le développement du pays et il est de notre devoir d’assurer les conditions nécessaires pour qu’elle puisse s’épanouir et contribuer à l’essor de la Mauritanie. Léopold Sédar Senghor a dit : « La jeunesse est l’âge où l’on construit pour demain ; et demain, c’est aujourd’hui que nous le préparons ». En investissant dans notre jeunesse, nous investissons dans l’avenir de la Mauritanie. Aminetou mint Sadegh